2007. Fièvre intense, épuisement total, éruption cutanée, douleurs musculaires et articulaires comme je n'en ai jamais connues. Une épreuve de deux semaines. Les médecins qui me suivent n'ont pas d'explications. Un diagnostic "hépatite virale" est posé, sans grande conviction. On ne sait pas vraiment, après bien des prises de sang et autres examens.
Suite à cette désagréable expérience, je me remets sur pieds. Puis, un jour de fatigue, les symptômes se reproduisent. Il y a moins d'intensité, mais je commence à faire face à une dérangeante évidence: quelque chose s'est déclaré dans mon corps. Les mois qui suivent me le confirme: j'émerge de ce que j'appelle des "crises", mais garde une fatigue et des douleurs de fond. Cela affecte mon moral.
De nature à faire face, je cherche des réponses. Aucun examen médical ne m'apportera d'explication, ni encore moins de solutions. Je m'intéresse à la santé et découvre la jungle des différentes approches thérapeutiques que l'on peut trouver sur internet. Rien ne me satisfait, ne résonne en moi. C'est dans cette jungle que je découvre un trésor: l'Ayurveda.
Je suis spontanément passionné par cette science de la vie. Après une douzaine d'année, je sais d'autant mieux pourquoi:
La possibilité de comprendre comment moi, avec mes spécificités uniques, je fonctionne, physiquement et mentalement.
La découverte d'un savoir profond sur l'alimentation et l'hygiène de vie, qui me permet d'acquérir une autonomie sur ma propre santé.
J'ai à portée de main les clés pour me connaître mieux, pour comprendre pourquoi ma santé est affectée par cet état chronique parsemé de crises de plus en plus fréquentes et handicapantes.
Peu à peu, à mesure que j'apprends cette science de la santé et de la maladie qu'est l'Ayurveda, je découvre le processus qui m'a amené à mon état actuel.
J'établis la carte de ma "maladie", je retrace sa piste. Des émotions refoulées liées à un passé douloureux, des pensées négatives, l'excès de médicaments anti-dépresseurs et anti-douleurs, une anxiété chronique associée à des antibiotiques et de mauvaises habitudes alimentaires (sucre raffiné, aliments industriels, excès de nourriture grasse et lourde, etc.) qui ont affaibli mon feu digestif et détruit ma flore intestinale... Tout cela a "encrassé" le corps. Les énergies fondamentales de la vie biologique de mon corps (Doshas) se sont mélangées avec des toxines, ce qui a entraîné une perte d'intelligence de ses fonctions naturelles. A tel point que mon organisme en est venu à réagir à ses propres cellules, désormais considérées comme des corps étrangers à combattre. C'est ce que l'on appelle chez nous la maladie auto-immune.
Avec la carte de la maladie, je découvre en prime la carte pour en sortir!
Je me plonge par ailleurs dans la psychologie, le yoga, la spiritualité et entre dans un processus intense de prises de conscience et de changements.
A ce moment pourtant, je n'ai pas encore totalement abandonné la médecine conventionnelle. Ma mentalité occidentale cherche encore une explication "carrée" à ce que je vis. J'aimerais également que cette maladie, même si je ne l'ai jamais appelée comme ça, soit reconnue.
Je n'en parle pas, ou très sobrement, à mon entourage car je ne suis pas légitimé par un diagnostic médical. Chaque fois que j'aborde le sujet, je ne me sens pas vraiment entendu, voir pris à la légère. Ou bien je sens que mes proches pourraient me considérer comme un "pauvre malade" et s'inquiéter. Aucun des deux ne me fait du bien, d'où la décision de rester discret sur ce sujet.
Concrètement, je me retrouve très bien dans différentes maladies auto-immunes: Maladie de Still, fibromyalgie, maladie de Crohn, etc.
Lorsqu'un médecin me propose des examens en passant plusieurs jours à l’hôpital pendant une crise, je me retrouve à faire le point.
Qu'est-ce que je viens chercher ici? La reconnaissance des autres? N'y a-t-il pas plus important? A quoi me servirait de mettre une étiquette occidentale figée sur cette maladie alors que j'ai cerné ses causes avec clarté grâce à l'Ayurveda? Quelle autre option que des anti-douleurs et des anti-inflammatoires pourraient-ils me proposer? Conclusion, je n'y suis jamais allé.
Avec ma carte en main vers la guérison, les améliorations se font vite sentir, d'autant plus que j'abandonne mes métiers du paysage et de l'environnement pour une formation de praticien en Ayurveda, sur quatre ans, à l'Institut Européen d’Études Védiques.
Ma vie change joyeusement et ma santé s'améliore d'années en années. D'une crise intense tous les deux mois, je passe à trois ou quatre par an. Mes voyages en Inde et les rencontres avec des docteurs ayurvédiques reconnus, me permettent d'approfondir mes connaissances.
Un Pancha Karma de plus de trois semaines en Inde – une cure profonde de nettoyage – me permet de passer un nouveau cap. Suite à cela, j'expérimenterai plus d'un an sans aucune crise.
Avec le recul, si je devais parler à "ma maladie", je dirais d'abord: "Merci".
Merci de m'avoir fait découvrir l'Ayurveda, cette médecine passionnante.
Merci de m'avoir permis de faire connaissance avec moi-même et ma profondeur.
Merci d'avoir fait de moi un thérapeute qui peut désormais parler d'expérience et peut-être aider celles et ceux qui vivent le même genre d'expérience.
Si vous avez été diagnostiqué "malade auto-immune", sachez qu'il existe des solutions. Que les étiquettes "fibromyalgie" ou "polyarthrite" ne sont pas une fin en soi. Que les médicaments aux nombreux effets secondaires ne sont pas une fatalité.
Certes, il n'y a pas de pilule magique, ni de fruits sans efforts, malgré ce que notre société moderne tente de nous vendre.
Faites de cette maladie une compagne qui vous guide vers vous-mêmes. Écoutez-là et elle vous soufflera bien des secrets essentiels sur vous et la vie.
Vincent Coirié, Praticien en Ayurvéda, Ayurvéda en Ardèche